Un écart de 19% dans la paie, à poste égal, au sein d’une même entreprise : ce n’est pas une anomalie statistique, c’est la réalité pour nombre de salariés issus de minorités. Pendant ce temps, certaines organisations affichent leur engagement pour l’inclusion… tout en continuant à recruter quasi exclusivement via des réseaux internes, verrouillant l’accès à de nouveaux profils. En France, le droit prévoit pourtant des ajustements possibles : il autorise, sous conditions, des traitements différenciés afin de corriger certains déséquilibres hérités.
Dans les secteurs où les inégalités persistent, on voit s’installer des quotas obligatoires. D’autres préfèrent miser sur des aides personnalisées. Pourtant, les études de l’INSEE persistent à pointer les écarts, malgré la prolifération de textes officiels. Le terrain, lui, révèle des défis inédits pour ceux qui conçoivent et appliquent ces politiques, qu’ils soient dans la sphère publique ou dans l’entreprise.
L’équité, un concept clé pour une société plus juste
La justice sociale n’est pas une formule vide. Depuis des générations, la sociologie ausculte la capacité de nos institutions à garantir un partage équitable des moyens et des opportunités. Sous le mot équité, se cachent des choix complexes, parfois douloureux. Il y a la justice distributive, qui interroge la manière dont ressources et droits sont répartis. La justice procédurale, qui veille à la loyauté des règles et des dispositifs. Et la justice interactionnelle, qui observe la qualité des relations et le respect au sein de la société.
Pour agir concrètement, il s’agit de mobiliser ces différentes facettes de l’équité :
- Corriger les inégalités économiques, sociales ou d’accès grâce à la redistribution.
- Valoriser le mérite sans sacrifier la solidarité, pour préserver la cohésion du groupe.
- Reconnaître l’individualité de chacun, afin que les dispositifs s’adaptent aux réalités vécues et non à des standards figés.
Que l’on soit salarié, élève ou simple citoyen, on attend de la société qu’elle choisisse la justesse plutôt que l’arbitraire ou l’égalitarisme rigide. L’équité vise à façonner des réponses adaptées, à tenir compte des parcours sans effacer les différences ni tolérer la discrimination. Aujourd’hui, le défi est de conjuguer égalité et équité, en s’appuyant sur des pratiques lisibles et sur la confiance partagée.
Équité, égalité, inclusion : démêler les différences pour mieux comprendre
La justice sociale s’appuie sur plusieurs piliers. Trop souvent, on confond équité, égalité et inclusion, alors que chaque terme traduit une logique propre, une réponse spécifique à des besoins réels. L’égalité veut offrir à tous un accès identique aux droits et aux ressources. Mais appliqué sans nuance, ce principe peut occulter des déséquilibres de fond.
À l’inverse, l’équité ajuste les règles à la situation de chacun. Elle repose sur l’idée que la justice, ce n’est pas donner la même chose à tout le monde, mais corriger, compenser, soutenir. Les politiques contre la discrimination, qu’il s’agisse du genre, de la race, du handicap ou des minorités LGBTQ+, relèvent de cette approche. Il s’agit de réparer les effets d’une histoire et d’institutions qui n’ont pas été neutres.
L’inclusion, elle, va plus loin. Elle vise à bâtir des espaces où la diversité n’est pas tolérée du bout des lèvres, mais reconnue, célébrée, facilitée. Cela implique des actions concrètes : rendre les lieux accessibles, ajuster les pratiques, valoriser chaque singularité. Si les inégalités subsistent, c’est que la société n’a pas encore su faire vivre, ensemble et au quotidien, ces trois principes fondamentaux.
Comment l’État et les entreprises peuvent concrètement promouvoir l’équité
L’équité se construit dans l’action : à travers les politiques publiques, mais aussi dans les décisions du quotidien professionnel. L’État intervient en fixant des cadres et en développant des outils pour mesurer et corriger les inégalités. Les quotas dans la fonction publique, le ciblage de certaines aides sociales illustrent ce que peut être la justice distributive. L’administration adapte, ajuste, cherche à compenser ce que la reproduction sociale ne fait qu’aggraver.
Les entreprises ne sont pas en reste. Elles peuvent agir sur plusieurs leviers : transparence des salaires, transformation des méthodes de recrutement, formation à la diversité, lutte active contre les discriminations. Les sciences sociales le confirment : soigner les procédures d’évaluation, de promotion ou de sanction, c’est faire vivre la justice procédurale. Prendre en compte les efforts individuels et instaurer un dialogue, c’est renforcer la justice interactionnelle.
Voici quelques leviers qui font la différence en entreprise :
- Adopter des contrats équitables qui respectent l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle.
- Créer des dispositifs de médiation pour apaiser les conflits.
- Lancer des audits sociaux en lien avec les représentants du personnel.
Depuis l’irruption de la covid-19, la précarité et de nouvelles formes d’exclusion ont surgi au premier plan. Les solutions exigent de conjuguer solidarité et attention à l’individualité. Adapter l’organisation du travail, soutenir les plus vulnérables, c’est désormais la mission partagée de la République et du monde économique pour imaginer des règles du jeu plus équitables.
Envie d’aller plus loin ? Ressources et pistes pour agir au quotidien
La justice sociale ne s’arrête pas aux principes. Elle s’incarne dans nos choix, dans les gestes de tous les jours. Plusieurs ressources issues de la recherche et de la société civile permettent de faire avancer concrètement les idées de justice et d’équité.
- Consultez les rapports des Nations Unies sur les Objectifs de développement durable, notamment le volet paix, justice et institutions fortes. Ces publications dressent un état des lieux précis, pays par pays, des avancées et des défis à relever.
- Immergez-vous dans la journée mondiale de la justice sociale, chaque 20 février. Ateliers, débats, campagnes : partout, des groupes mobilisent pour décrypter les mécanismes qui creusent les inégalités et réfléchir aux solutions possibles.
- Portez-vous volontaire ou soutenez des associations qui œuvrent contre les discriminations et favorisent l’accès aux droits. Des structures comme la Ligue des droits de l’homme ou SOS Racisme publient régulièrement des guides pratiques et des statistiques actualisées.
Changer les pratiques commence aussi par une remise en question personnelle : lire les ouvrages de sociologie, s’interroger sur ses propres réflexes, observer l’impact des politiques publiques sur les minorités. Tant que la vigilance collective et la diffusion du savoir progressent, la société avance vers plus d’équité. Le chemin reste long, mais chaque pas compte et résonne au-delà de l’individu.


